Les différents types d’obligation
Les obligations sont cotées en bourse et peuvent s’échanger librement sur le marché secondaire. Une obligation peut être à maturité courte (1 mois) ou longue (30 ans et plus), avec un taux d’intérêt qui, si l’économie est saine et que les opérateurs n’anticipent pas une récession, est croissant avec la durée de l’obligation. L’investisseur souhaitant exposer son portefeuille au marché obligataire peut le faire via deux grandes familles de titres : les obligations d’États et les obligations d’entreprises.
Les obligations d’États
Les obligations d’États, adossées sur les dettes publiques, sont le type d’obligations les plus connues et les plus utilisées par les gérants professionnels pour sécuriser des poches de liquidité. Ces dernières jouissent d’une image d’actif sûr, reposant sur la capacité d’un État à mobiliser de vastes ressources pour tenir ses engagements financiers. Le rendement des T-bills, bons du Trésor américain, est ainsi souvent employé comme référence pour mesurer le taux sans risque ; utilisé par exemple pour les calculs de valorisation d’entreprises via la méthode DCF (discounted cash flows).
Bien que les obligations d’États soient en effet l’un des actifs les plus sûrs, cela ne signifie pas pour autant qu’elles soient exemptes de tout risque. L’histoire regorge d’exemples d’États qui, pris dans une spirale de crise économique, financière et/ou de changes se sont vus contraints de devoir faire défaut sur tout ou partie de leur dette. Par exemple, la crise financière russe de 1998 a engendré un plongeon du rouble, entraînant une incapacité du pays à faire face aux échéances de remboursement et, in fine, à un défaut sur sa dette ; entraînant au passage la chute du célèbre hedge fund LTCM qui abritait en son sein deux prix Nobel d’économie : Myron Scholes et Robert C. Merton.
Enfin, avant d’investir dans des obligations d’États, il est primordial de vérifier dans quelle devise est libellé le titre. Par exemple, à l’heure où sont écrites ces lignes, le 10 ans turc offre un alléchant rendement de 23.35% mais le titre est émis dans la devise nationale, la lira, qui s’est effondrée de près de 40% face à l’euro en l’espace d’un an ! Si vous désirez investir dans une obligation libellée en devise étrangère, il est donc essentiel de ne pas se laisser appâter uniquement par la perspective d’un gros coupon, mais de bien garder à l’esprit le risque de change auquel vous expose votre investissement.
Les obligations d’entreprises
Deuxième compartiment du marché obligataire, les obligations d’entreprises visent à permettre à des sociétés de s’endetter directement auprès des investisseurs et offrent ainsi une alternative au financement classique via l’emprunt bancaire. Contrairement à une action, le porteur d’une obligation d’entreprise ne détient pas une part du capital de celle-ci, mais bien un titre de créance sur la dette de la société.
Par conséquent, l’investisseur ne disposera d’aucun droit de vote en assemblée générale et ne percevra aucun dividende ; mais sera en revanche prioritaire sur les actionnaires en cas de liquidation judiciaire de l’entreprise. À noter le cas particulier des obligations convertibles en actions (OCA), qui offrent la possibilité aux détenteurs de convertir leurs titres en actions. La conversion peut être particulièrement avantageuse à la fin de la maturité de l’obligation, si le prix de l’action dépasse le prix de remboursement.
Plus rémunératrices mais également plus risquées, les obligations à haut rendement, qualifiées familièrement de « junk bonds », désignent une classe de titres où la probabilité de défaut est élevée. Ces obligations peuvent offrir de belles opportunités si l’investisseur parvient à identifier les sociétés dont le risque de défaut est surévalué par le marché, mais requiert par conséquent de posséder un avantage informationnel sur les autres opérateurs.
Les obligations à taux fixe ou à taux variable
La majorité des obligations, qu’elles soient d’État ou d’entreprises, rémunèrent leur détenteur à un taux fixe déterminé en amont de l’émission. Certaines obligations proposent un taux variable indexé sur les taux du marché monétaire (par exemple l’IBOR), sur les taux obligataires ou sur l’inflation. Par exemple, l’Agence France Trésor propose des bons (OATI) dont le taux d’intérêt est indexé sur l’inflation permettant de garantir aux investisseurs un rendement réel positif.
Détenir des obligations en direct
Si vous désirez investir dans des obligations, une première possibilité est de les détenir de manière directe en passant par un compte-titre ordinaire (CTO). L’investissement en direct comporte cependant deux principaux écueils : l’accès au marché obligataire est souvent restreint pour les particuliers, la majorité des courtiers ne proposant qu’un échantillon limité d’obligations d’entreprises ; et la fiscalité d’un CTO, seul véhicule permettant l’acquisition directe d’obligation, est moins favorable que celle des autres produits d’épargne réglementée (assurance-vie, PER, PEA, etc.).
Détenir des obligations de façon indirecte
Une seconde possibilité est de détenir des obligations indirectement, via des produits structurés (tels que des unités de comptes ou des fonds euros pour l’assurance-vie) ou des ETFs. Par exemple, la poche de liquidité de votre assurance-vie est majoritairement placée sur des obligations d’États jugées sûres. Il est possible de souscrire à des unités de compte corrélées à un type précis d’obligations, par exemple définies sur une zone géographique précise ; mais il est à noter que l’investisseur n’est pas propriétaire direct de l’obligation, mais bien souscripteur d’un contrat lui garantissant une exposition au sous-jacent spécifié.
Il est également possible d’investir indirectement dans des obligations via des ETFs, qui regroupent en un seul produit un panier d’obligations d’États ou d’entreprises. Le choix est vaste sur CTO, mais bien plus restreint sur PEA avec un seul ETF obligataire éligible au dispositif. Dans une logique similaire, les OPCVM obligataires sont des organismes de placement collectif (OPC) permettant d’investir dans un panier d’obligations. Les plans d’épargne entreprise (PEE) comportent également des supports d’investissements reproduisant la performance d’indices obligataires et peuvent s’avérer d’autant plus intéressant que vos versements sont abondés par votre employeur.
Conclusion
Que vous souhaitiez investir en obligations d’États ou d’entreprises, il est possible de passer par une acquisition directe ou indirecte. La première à l’avantage de la flexibilité, offrant la possibilité d’investir sur un type précis d’obligation (une entreprise ou un État en particulier), mais à l’inconvénient d’un accès au marché parfois difficile lié à la pauvreté de l’offre proposée par les courtiers, et à une fiscalité qui amputera sérieusement la performance de votre portefeuille obligataire.
La seconde option a pour avantage sa simplicité, offrant une exposition à un panier diversifié d’obligations en un seul produit financier. L’acquisition indirecte permet également de loger ses supports d’investissements dans des enveloppes défiscalisées, telles que l’assurance-vie ou le PEE, et de profiter pleinement des effets des intérêts composés. Quel que soit le mode d’acquisition retenu, acheter des obligations est une excellente manière de diversifier son portefeuille et de profiter de la remontée des taux d’intérêt !